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En goguette avec Guéna
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17 novembre 2008

Ateliers d'Artistes de Belleville

emmanuelAABA partir du 19 novembre 2008

Emmanuel Bacquet

"Temps Faibles"

Drôle de regard, drôle de posture… Le spectaculaire n’est pas, ici, d’actualité. Nous serions plutôt du côté de l’intime ou du fragile… mieux encore de l’inaperçu, de l’invu… mais il s’agit pourtant bien de vue, d’un regard tout particulier, attentif quant à lui à la vie comme elle va, à la vie quand elle n’a rien à dire, à montrer, à proposer, à la vie nue, dépouillée… la vraie vie peut-être, celle que l’on pourrait dire des temps faibles.
Pourtant aujourd’hui plus qu’hier sans doute, ne faut-il pas, pour entrer dans le monde de l’image, pointer, viser, capturer en un clic les temps forts de l’événement, saisir le paroxysme du sens qui ne se révèlerait qu’à celui qui se trouve là au bon moment, au bon endroit, qui a l’“œil” et le reflex dans les doigts… ceux d’un bon photographe ? Ici, rien ne relève de ce genre de préoccupations.

Demandez lui de quoi parlent ses photos, demandez lui quel est son sujet, son thème, ce qu’il cherche, ce qu’il raconte. Il ne saura pas répondre. Il n’aime pas les photos qui parlent, comme il n’aime pas parler de ses photos. Il n’a pas de thème, pas de sujet, pas de réponse.
Ce qui l’intéresse ce sont précisément ces temps faibles, quand il ne se passe rien, ce sont les contretemps ou ce qui s’inscrit “en creux”. Et il faut se laisser glisser dans le creux de ces photographies, lentement, pour que, doucement, le sens puisse venir à nous dans le suspens du temps.
Quel est-il alors, ce sens, apparaissant comme une évidence du cœur de ces images si paisibles en apparence ?
Ce que l’on y pose, bien sûr. Mais encore et surtout… ici… la menace ironique d’une pelleteuse sur une modeste demeure, là… le vacillement incertain d’un corps alourdi par la vie, ici encore… une simple rue au coucher du soleil annonçant la nuit noire.
Alors, il y a là, toujours comme en retrait mais là quand même, quelque chose comme une menace imminente qui sourd aux limites du cadre offert par chacune de ces photographies. Ne faut-il pas dès lors y voir, y deviner, y sentir une sorte de vérité discrète mais installée, ni inquiète ni turbulente, ni secrète ni bruyante, de celles qui ne laissent pas perdurer le doute, comme une inquiétude qui affleure… celle de notre époque...
Si Emmanuel n’a ni thème, ni sujet, ni réponse, il est pourtant ce regard attentif à ce que notre temps porte en lui d’inaudible et d’indicible. Il nous le livre dans le silence de ses reflets.

Laurence Manesse Cesarini, essayiste, professeur de philosophie

Exposition du 19 au 23 novembre 2008
Mercredi, jeudi et vendredi de 18 à 20h30
Samedi et dimanche de 11 à 20h

Vernissage samedi 22 novembre à partir de 18h30

www.emmanuelbacquet.fr

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